L’histoire optimiste, mais révélatrice, de Ben & Jerry’s
Il y a quelques jours, Ben Cohen, cofondateur de Ben & Jerry’s, a été arrêté lors d’une audition au Sénat américain pour avoir protesté contre la guerre à Gaza. Cet événement survient à peine quelques semaines après l’éclatement au grand jour du conflit entre Cohen, Jerry Greenfield et Unilever, qui avait racheté leur marque de glaces au tournant du siècle.
Ce qui fut autrefois salué comme un exemple miraculeux de gouvernance d’entreprise — une maison-mère permettant à une marque engagée de rester fidèle à ses valeurs — semble aujourd’hui retomber dans le schéma tristement classique d’homogénéisation corporative. L’accord d’acquisition avait pourtant été remarquablement bien pensé pour garantir à Ben & Jerry’s la possibilité de continuer à porter une voix progressiste tout en générant des profits. Pendant des décennies, d’autres entreprises ne faisaient qu’afficher des slogans « à mission », mais ce petit fabricant de glaces, lui, continuait simplement à brasser ses valeurs Chunky Monkey.
Ces dernières années, pourtant, des fissures de plus en plus visibles sont apparues dans cette relation, et une rupture semble désormais inévitable. Ce qui reste inspirant, c’est l’engagement inébranlable de Cohen à défendre ce qu’il estime juste. Grâce à l’intégrité des fondateurs, la marque Ben & Jerry’s devrait pouvoir préserver ses valeurs authentiques au moins tant que Cohen et Greenfield seront là. Unilever, en revanche... 😒
Comment instaurer la confiance chez Sunslider ?
Cette histoire nous rappelle précisément pourquoi l’une de mes priorités chez Sunslider — au-delà du développement de notre produit principal — est de poser des bases de confiance capables de résister au temps et aux éventuels changements de direction ou de propriété.
Le manuel des startups de la décennie passée insistait sur l’importance de la marque personnelle et de la voix du fondateur pour instaurer la confiance. Mais en 2025, cette approche ne suffit plus — loin de là. Les gens — à juste titre ! — ne font plus confiance aux entreprises qui restent sous le contrôle de quelques individus fortunés, aussi bien intentionnés soient-ils.
Nous avons des ambitions à long terme pour mettre en place des actions structurelles qui transformeront Sunslider et, espérons-le, renforceront la confiance : rendre une part significative de notre code open source, évoluer vers une coopérative dirigée par les salarié·es, permettre aux utilisateurs de décider de nos dons caritatifs. Mais pour l’instant, nous savons que la confiance se construit par petites étapes. Et nous avons voulu poser ces premiers jalons dès le départ, en commençant par nos documents juridiques de constitution.
Ancrer nos valeurs dans notre ADN juridique
Depuis le 5 mai 2025, Sunslider est constituée en France sous la forme d’une SAS (équivalent d’une LLC aux États-Unis). Ce processus implique de déposer les statuts de la société au registre national des entreprises (le greffe). Et surtout : ces statuts sont accessibles publiquement, en ligne, pour toute personne qui souhaite les consulter.
Contrairement à certains autres documents importants, comme notre pacte d’actionnaires, ces statuts sont entièrement publics. Cela nous a semblé une occasion idéale d’aller au-delà de nos règles de contenu et de notre politique « Pas de nazis » pour inscrire noir sur blanc certains de nos principes fondateurs.
Voici désormais le contenu de l’article 38 des statuts de Sunslider :
Des mots comme socle de l’action
Pour l’instant, ce ne sont encore que des mots. Mais l’histoire montre, à maintes reprises, que les mots peuvent compter lorsqu’ils servent de fondement à l’action et à la redevabilité. L’objectif d’inscrire ces principes dans nos documents officiels était de créer un engagement contraignant, visible dès le départ par toute personne qui rejoint Sunslider — qu’elle le fasse en tant qu’employé·e, investisseur·se ou même simple utilisateur·rice.
Mais, encore une fois, nous savons que ce petit pas ne représente qu’un début. Dans les mois qui viennent, nous partagerons la manière dont nous mettons concrètement ces principes en œuvre à travers nos politiques de données, nos choix produit et nos pratiques de travail. Le prochain volet de cette série dévoilera également certaines clauses clés de notre pacte d’actionnaires, car on ne peut pas réformer le capitalisme sans s’attaquer au cœur de la répartition des profits.
Construire une entreprise qui rompt réellement avec le système dominant demande un effort constant, intentionnel, à chaque étape de sa croissance. Avec ces statuts, nous traçons une première ligne directrice dans ce que nous espérons devenir un nouveau modèle pour créer des entreprises dignes de confiance en 2025 et au-delà.
Alors, une fois de plus : mettez-nous au défi, demandez-nous des comptes, et accompagnez-nous dans ce parcours. Vos commentaires et suggestions sont toujours les bienvenus à hello [arobase] sunslider.social.